En me baladant sur internet, j'ai obervé que tout le monde écrit tout le temps "lol". Moi, je ne sais pas ce que ça veut dire "lol". Alors je suis allé voir Marguerite Duras, parce que généralement quand on lit un truc auquel on comprend rien, c'est du Duras. Et en effet, Marguerite m'a éclairé: "Leur plus grande douleur et leur plus grande joie confondues jusque dans leur définition devenue unique mais innommable faute d'un mot. J'aime à croire, comme je l'aime, que si Lol est silencieuse dans la vie c'est qu'elle a cru, l'espace d'un éclair, que ce mot pouvait exister. Faute de son existence, elle se tait. C'aurait été un mot-absence, un mot-trou, creusé en son centre d'un trou, de ce trou où tous les autres mots auraient été enterrés. On n'aurait pas pu le dire mais on aurait pu le faire résonner. Immense, sans fin, un gong vide, il aurait retenu ceux qui voulaient partir, il les aurait convaincus de l'impossible, il les aurait assourdis à tout autre vocable que lui-même, en une fois il les aurait nommés, eux, l'avenir et l'instant. Manquant, ce mot, il gâche tous le autres, les contamine, c'est aussi le chien mort de la plage en plein midi, ce trou de chair." (Le Ravissement de Lol V Stein, 1964). Lumineux, non? Après, Margot a commandé trois autres whisky, mais c'est pas écrit dans le bouquin.